En(quête) d’appartenance
ÊTRE SON POINT DE DÉPART
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Mon sujet de recherche a émergé des questions que je me pose sur ma propre existence et sur mon lien au monde. C’est parce qu’un jour je me suis demandé d’où je venais que j’ai commencé à avoir une pratique de recherche et une pratique artistique. Cependant, mon expérience de la vie n’est pas si singulière, car la naissance même de ma famille est liée à un passage de l’Histoire de France. Je suis fille de colon, fille d’esclave, fille de béké, fille de militaire, fille de Viêt Minh. Comme ma mère, mon père, mes frères et tout autre membre de ma famille, nous portons en nous cette histoire ; pourtant, seules ma mère et moi interrogeons notre identité. Avoir un bagage familial complexe n’implique pas nécessairement de le remettre en cause. Ce questionnement sur mon identité, je le dois à ma mère, qui n’a jamais accepté les injustices faites au Viêt Nam. J’ai grandi dans un milieu populaire contestataire, où il était plus facile de renier son appartenance à la France que de l’accepter. Que l’on veuille ou non se sentir français, nous n’étions pas, de prime abord, considérés comme tels. Nous étions les Français de seconde zone. Alors, je me suis toujours sentie à côté. J’en ai voulu à ces militaires, ces colons, tous ces hommes qui ont fait couler le sang de mes lointains ancêtres. À cette époque, se sentir française, c’était être du côté de l’ennemi. Mais grandir dans le rejet d’une part de son identité, c’est refuser d’appartenir, donc accepter de n’être chez soi nulle part. Seulement il est nécessaire de se sentir chez soi quelque part, sinon la lutte se fait dans l’épuisement. On finit par accepter une identité, pour s’ancrer dans un territoire et accepter sa mémoire. On y trouve une place et puis enfin on commence à comprendre d’où l’on vient.
Partir de soi pour faire de la recherche, c’est un moyen de se sentir à 100 % impliquée et imprégnée. J’explore mon histoire, qui croise de nombreux faits sociaux. Il y a des auteur•ice•s qui ont écrit sur des problèmes que j’ai expérimentés. Alors, je réalise que mon vécu n’est pas singulier ; d’autres histoires croisent la mienne.
Ma démarche de recherche rejoint la notion de savoirs situés développée par Donna Haraway, qui critique l’illusion d’une objectivité détachée de toute position sociale. De même, le concept de standpoint formulé par Sandra Harding met en avant l’idée que les savoirs produits à partir de l’expérience des groupes marginalisés offrent une perspective critique sur les structures de pouvoir. Mon histoire individuelle est donc une porte d’entrée vers des récits collectifs, et c’est cet aller-retour entre le spécifique et le commun qui m’intéresse. Il y a d’une part ma famille, si petite, complexe ; moi, minuscule et multiple ; une histoire, une mémoire — je ne sais pas encore comment la nommer.
Avoir un regard objectif sur mon sujet de recherche ne ferait que m’éloigner de possibles réponses. Un regard supérieur et lointain ne permet pas de ressentir les subtilités de la quête. C’est de l’intérieur que je trouverai des réponses, si celles-ci sont nécessaires. Faire de la recherche est parfois l’élément de réponse. Si je travaille sur ce sujet, cela révèle des choses sur l’état même du monde et ouvre la porte à d’autres questionnements dont tout un chacun peut s’emparer. Haraway insiste sur le fait que toute production de connaissance est incarnée, ancrée dans un contexte particulier, et que c’est cette reconnaissance des positionnalités qui permet une compréhension plus riche et plus nuancée du monde.
La manière dont je fais recherche, est aussi importante que le résultat de celle-ci, car j’opère des choix. Et chacun est inhérent à qui je suis, parce que j’ai plus d’affinité avec une méthode plutôt qu’une autre ou parce que je me donne la liberté de ne pas suivre de méthode. Je ne m’efface pas derrière la rigueur scientifique attendue au sein de l’Université. C’est pourquoi je tiens à être transparente sur ce que je fais : tout doit être accessible, autant mes écrits, mes brouillons, mes réussites, mes échecs, mes données, tout ce qui me permettra d’écrire ce mémoire. Je fais recherche en collectant dans l’espace public, alors rien ne m’appartient.
PRATIQUE ARTISTIQUE ET RECHERCHE
Dans l’imaginaire commun, le·a chercheur·euse porte une blouse blanche, travaille en laboratoire et trouve des solutions pour améliorer le monde. L’artiste, quant à lui·elle, est guidé·e par son imagination et ses émotions ; c’est un être sensible dont le talent est inné et qui donne à voir la beauté. Je ne me reconnais dans aucune de ces définitions, bien heureusement, et comme beaucoup d’autres.
Néanmoins, on ne peut ignorer cette distinction entre art et recherche : l’un relèverait de la créativité, l’autre serait régi par la raison. Mais alors, comment allier la vérité scientifique à la liberté créatrice ? Ces deux domaines n’ont pas les mêmes fins, pourtant, c’est précisément dans cet interstice plein d’incertitude que je trouve ma place.
L’étude des arts m’a appris à penser mes objets en prenant toujours en compte le regard du public. Ce que je fabrique est fait pour être vu dans un contexte particulier, que je dois définir. La nécessité de penser à la réception de l’« œuvre » m’oblige à porter un regard extérieur et critique sur l’objet en construction. Lorsque je crée, je dois avoir conscience que ma création ne m’appartiendra plus. J’ai, pendant un temps, une relation de proximité avec elle, avant de ne plus la voir : elle doit donc être autonome. Je cherche à converser avec celleux qui observent. Cet échange est libre, et sa conclusion ne m’appartient pas.
Pour entrer en contact avec mon travail, je dois trouver le médium adéquat. Il lui faut une forme propice au dialogue et un dispositif de monstration au service de mon message. Mes impulsions créatives naissent toujours d’interrogations sur des faits de société, et la réflexion qui en découle se matérialise sous forme d’objet. Cet objet porte en lui la pensée qui a motivé sa fabrication. Sa conception même lui donne du sens, c’est pourquoi il doit être immédiatement compréhensible. Si la méthode est transparente, alors on peut voir comment l’idée est née. C’est l’effet que je recherche dans mes réalisations : celleux qui les regardent y perçoivent mon schéma de pensée. Ainsi, nous dialoguons. Ce sont toutes des invitations à la réflexion.
Ma pratique artistique est inhérente à ma manière de faire de la recherche. Il est nécessaire que je traduise mes questionnements par des objets créatifs, et cela se reflète dans mon mode de collecte des données.
La connaissance que j’ai acquise durant mes années d’études, je la retransmets à un public qui n’a pas nécessairement lu ce que j’ai lu, vu ce que j’ai vu ou fait ce que j’ai fait. Bref, qui n’a pas mené ma recherche. Et parce que je crois que ce que je produis est bénéfique pour la compréhension de notre monde (il faut bien y mettre un peu d’égo), cette connaissance ne doit pas être immuable : elle doit pouvoir être remise en question.
Ma manière de faire de la recherche, tout mon travail de digestion des travaux d’autrui, est nécessairement influencé par mon individualité : qui je suis, ce que j’ai vécu, où j’ai grandi et même ce que j’ai mangé à midi (un peu d’humour). Et comme je ne veux pas donner un avis qui regarde les gens de haut, ma recherche doit être compréhensible et accessible au plus grand nombre.
C’est précisément là que la création vient en aide à la recherche. D’une part, ma pratique me permet de penser des dispositifs de recherche qui sont à la fois des données et des supports didactiques. D’autre part, je ne peux pas ne pas penser à la réception de mes travaux par un public hétérogène. Toute ma production doit donc être autonome et susciter une réflexion chez celleux qui la découvrent.
La recherche-création a un fort potentiel dans la médiation du savoir, car elle est influencée par des méthodes issues du champ des arts. Par exemple, à l’issue de mon travail de recherche, j’aimerais proposer des ateliers avec un jeune public, reprenant une de mes méthodes de collecte de données par le biais du collage. Par la pratique en groupe, il y aurait des échanges, une acquisition de connaissances et la production de nouvelles données pour un futur projet.
COLLECTE ET COLLAGE : ENQUÊTER DANS LES ESPACES PUBLICS
Pour comprendre d’où je viens, j’ai d’abord analysé mon propre lieu de résidence. Paris est la ville où je suis née, où j’ai grandi, et que je n’ai jamais quittée. Je pourrais dire que c’est mon point d’ancrage, mais plus j’essaie de cerner ce qui me relie à elle, moins je parviens à définir ce qui fait de moi une Parisienne. En entamant cette recherche, je ne m’attendais pas à voir mon sentiment d’appartenance se diluer. J’ai d’abord tenté de recenser mes habitudes et j’ai constaté que ma pratique de la ville se définissait par mes déplacements d’un lieu à un autre. À partir de là, j’ai cherché à confronter mon usage de l’espace urbain à celui d’autres citadin.es. Paris, en tant que capitale et ville-monde, s’inscrit dans un réseau de grandes métropoles aux dynamiques comparables. Il me fallait donc élargir mon étude à d’autres expériences urbaines similaires. C’est dans cette perspective que j’ai commencé à collecter des données en ligne.
Je collecte des données dans des espaces numériques publics de diffusion de contenu en ligne, comme Youtube par exemple. Tout d’abord, mon travail de recherche commence de manière classique, soit un questionnement puis la délimitation d’un terrain de recherche. Dans l’analyse des données, se construit simultanément un projet artistique composé de la matière étudiée. En fonction de ce que je conserve, je pense le dispositif qui traduirait au mieux l’analyse que je fais, pour qu’il soit un prolongement de ma réflexion. Et donc ces objets peuvent être à la fois des supports de recherche et des supports didactiques.
1. La collecte des vlogs :
Les vlogs sont des récits vidéos de voyage d’un.e créateur.ice de contenu, visant à informer et divertir des internautes.
City trip
J’ai principalement étudié des voyages courts (3 à 10 jours) dans des villes touristiques en vogue, cherchant à identifier des similitudes dans l’organisation des espaces urbains et les déplacements en terrain inconnu. Pour cela, j’ai exploré YouTube à la recherche de vlogs de voyage réalisés par des créateur.ice.s de 20 à 30 ans, visitant exclusivement des villes-mondiales. Au fil du visionnage, j’ai établi un protocole : mettre la vidéo en pause dès qu’un lieu me rappelait un autre déjà visité, le retrouver sur Google Street View, puis capturer et juxtaposer les deux images. Cette collecte a abouti à une vidéo d’enregistrement d’écran et à des collages numériques.
Daily life
Aussi appelé 24h vlog, ce format suit une personne dans sa ville de résidence le temps d’une journée. J’ai sélectionné uniquement des vidéos de jeunes femmes (20-30 ans), non françaises, vivant à Paris, afin de comparer nos quotidiens et voir si nos usages de la ville se recoupaient. Un protocole de collecte s’est progressivement défini : à chaque objet utilisé que je possède et à chaque lieu public visité où je me suis déjà rendue, j’extrayais la séquence correspondante et la reproduisais à l’identique. Le résultat final prend la forme d’une série de collages vidéo, où la vidéo originale est juxtaposée à ma reconstitution. Regarder des vlogs permet d’observer comment la consommation de l’espace urbain est façonnée par les « lois » du tourisme. Ces vidéos donnent à voir une expérience de la ville standardisée, à mi-chemin entre la publicité et le journal intime. Le vlog met en scène une utilisation de la ville dénuée de singularité, où l’expérience semble interchangeable d’un lieu à l’autre. Depuis les années 2010, l’esthétique de ce format a évolué : il combine des images de la ville en pratique et des commentaires qui aident les abonné.e.s à s’y projeter. La vidéo est pensée pour créer une proximité avec la.e vlogueur.se, renforçant l’illusion d’une expérience partagée. Si l’on peut s’imaginer à ses côtés, c’est parce que les pratiques urbaines mises en scène sont familières et codifiées.
2. Les avis Google maps:
Google permet aux utilisateur.ices de publier des photographies de lieux publics sur Google Maps, accompagnées d’une note et d’un commentaire. Ces contributions offrent aux futur.e.s visiteur.euse.s une première vision du lieu. Quand j’ai commencé à faire des recherches typologiques sur l’aménagement des espaces urbains, j’ai réutilisé la technique du collage numérique. Dans un premier temps, j’ai collecté des images sur Google Image, mais je n’étais pas satisfaite, il me fallait des clichés pris par des personnes qui auraient eu à peu près la même expérience que moi dans ces lieux. La section « avis » sur maps s’est révélée une mine d’or. Ces photographies me permettent d’observer la ville à travers le regard de celleux qui la traversent et l’habitent.
Néanmoins, il est essentiel de prendre du recul sur l’hégémonie de Google et sur la manière dont il façonne une cartographie du monde à partir d’un point de vue unique. Si cet espace numérique peut sembler fonctionner comme un lieu public où chacun.e dépose ses images, il ne s’agit pas d’une libre expression pour autant. Au contraire, cette vitrine est construite par Google, qui opère un tri et impose ses propres règles de publication, contribuant ainsi à une uniformisation des représentations.
Les collages numériques se font selon un protocole simple, je sélectionne des villes-mondiales puis je liste les éléments qu’on y trouve nécessairement, peu importe le pays. Alors je collecte les photographies en me baladant dans les rues numériques de Google maps. À l’issu de ce travail, j’obtiens un collage numérique, qui me permet de conclure que la lecture des espaces urbains est aisée car très codifiée. Je répertorie ces non-lieux, que Marc Augé a défini comme des espaces fonctionnels, standardisés, dont l’essence est en rupture avec le lieu « anthropologique ».
Le collage est un objet qui résulte d’un assemblage d’images, où chaque élément interagit, qu’il soit en accord ou en contradiction avec les autres. De cette interaction entre au moins deux éléments, naît un troisième sens, qui n’existe que grâce à leur réunion car, pris isolément, ces éléments n’auraient pas la même signification. Mes collages dialoguent avec ceux qui les regardent ; ils constituent le point de départ d’une réflexion. À l’avenir, j’en ferai des supports de médiation pour expliquer ma recherche, mais pour l’instant, ils constituent une partie de ma base de données.
LIRE ET DIGÉRER LES ÉCRITS D’AUTEUR•ICES
Les auteur·ice·s des livres que je parcours pour alimenter ma recherche ont toujours le mot juste. Et comme je suis impressionnée par ce qu’iels écrivent, je souligne énormément de passages en me disant : « Mais c’est fou, c’est exactement ce que je pense. » Puis, quand c’est à mon tour d’écrire, je peine à trouver une manière de dire la même chose qu’elleux – mais différemment – alors je les cite entre guillemets.
À force de ne pas trouver mes propres mots, j’ai commencé à lire autrement. Parfois, il y a des phrases, des mots qui ne traduisent pas nécessairement les grands concepts de l’ouvrage, mais qui donnent l’élan à une impulsion réflexive. Ces extraits, je les réécris dans mon carnet de lecture et je m’empresse de retranscrire la pensée qu’ils impulsent en moi. Il est probable que je passe à côté de l’essence théorique du livre, car je ne fais pas une fiche de lecture, mais j’écris un dialogue entre les lignes et moi.
Ces morceaux de réflexion, je les réunis dans des carnets de lecture. En voici un extrait tapuscrit :
« que l’espace qu’on occupe sur Terre soit un monde qu’on puisse cerner à pied »
Est-ce que l’on « occupe » les espaces publics ? Peut-on remplir la ville et être dans un lieu défini de manière permanente ? Est-elle faite pour que je puisse y être ? Finalement, est-ce que je ne peux pas être dans n’importe quelle ville ?
« terrain connu »
Aujourd’hui, avec les médias, quelle est la limite de mon « terrain connu » ? Avec Internet, les livres, j’ai quasiment vu des images de tous les espaces du monde. Je sais comment les habitants occupent les lieux. Si je pars de ma ville pour une autre, combien de temps faudra-t-il pour que j’apprenne à m’y déplacer ? Jusqu’où pourrai-je aller sans me faire remarquer ?
« Un pas après l’autre, c’est toujours le même geste effectué par tous les humains, sur toute la planète. Pourtant, je sais que ma marche occidentale n’a rien à voir avec celle qui me faisait découvrir les ruelles, les plages, les sentiers et les champs de ma terre natale. »
Et moi, quelle est ma marche ? Je marche comme une parisienne. Est-ce que la ville dans laquelle je vis fabrique ma démarche ? Comment pourrais-je définir la marche parisienne ? Qu’est-ce que je parcours à Paris ? Des rues, des avenues, des boulevards, des lignes droites et des angles droits ? Du béton, parfois un peu d’herbe et de terre ? Est-ce que ma marche changerait dans d’autres villes ?
Franklin, Adrian. City Life. SAGE Publications. 2010.
« totalopolis »
Attention, je n’ai pas envie de tomber dans la critique de la ville comme dans Matrix, où tout ne serait qu’immeuble et haute-technologie, et la seule solution serait de vivre au milieu d’une forêt avec une maison faite de bois et d’argile. Non, totalopolis, c’est la garantie qu’on vivra tous.tes en ville un jour, et qu’on aura alors les mêmes habitudes de vie. Mais si nos lieux de vie quotidienne deviennent identiques, que l’on partage les mêmes objets de consommation, si tout ça est pareil, sommes-nous un peuple, une communauté ?
« City is a mix »
C’est un mélange homogène ou hétérogène, arrêté ou mouvant ? Je pense que c’est un mélange qui se fait, où tout est mouvement, autant sa structure que ses lieux. En ville, tout s’imbrique le temps d’un échange, et ce qui était connecté à l’instant l’est à quelque chose le moment suivant. Et quand il y a des blocages, ça ne dure jamais longtemps, sinon c’est le soulèvement.
En tissant ensemble mes réflexions et collages, je crée une cartographie personnelle de mes pensées. Cette méthode d’organisation, fluide et intuitive, révèle les connexions entre les idées, transformant ma recherche en un dialogue entre l’art et la réflexion.
Mon travail fait écho à l’Atlas Mnémosyne d’Aby Warburg et aux supports de recherche exposés pour « Tables de montage » de Georges Didi-Huberman. Warburg a conçu son atlas comme un réseau de survivances iconographiques à travers l’histoire, mettant en évidence la persistance des formes et des gestes au fil du temps. Son approche repose sur un principe de migration des images et d’affinités historiques, cherchant à cartographier des correspondances culturelles. Didi-Huberman, quant à lui, prolonge cette réflexion en explorant le montage comme un acte critique et producteur de sens, où les images ne se suivent pas selon un ordre historique mais dialoguent librement, suscitant des interprétations ouvertes et dynamiques.
Je m’inscris davantage dans cette approche du montage comme outil de recherche et d’exploration. Contrairement à Warburg, dont le travail vise à révéler des structures historiques sous-jacentes, ma démarche s’apparente à celle de Didi-Huberman en ce qu’elle privilégie l’association intuitive, la confrontation des images dans un espace où les significations émergent de manière imprévisible. Je ne cherche pas tant à reconstruire des généalogies visuelles qu’à mettre en tension des fragments, à susciter des connexions inédites et à ouvrir des possibles interprétatifs.