Un arbre qui s’enracine et se déploie

Le projet d’expérimentation que je souhaite developper pendant mes années ArTeC s’enracine dans une volonté de composer avec les sons du monde de manière spontanée et écologique.

Ce projet témoigne de mon intérêt grandissant pour les notions de paysage sonore et d’écologie sonore.
Je souhaite pointer de l’oreille la multiplicité des espaces sonores qui nous entourent, éveiller à la curiosité et à la sensibilité face aux mondes audibles dans lesquels nous sommes immergés tous les jours. Des plus saturés aux plus silencieux, souligner les sons absurdes et originaux de notre quotidien ou tout simplement révéler la beauté qui jaillit lorsque l’écoute profonde se créée et se partage dans un espace. 

Mon but n’est en aucun cas d’être dans une approche de tourisme sonore, ni d’être dans une visée exotisante vis-à-vis des mondes sonores qui nous entourent. Je n’ai pas pour but de traverser le monde pour tenter d’y dénicher des sons insolites. Non, mon but est de souligner la valeur intrinsèque des sons qui nous entourent au quotidien en les enregistrant, en les valuant et en les transformant si l’envie me vient. 

Mais surtout, je désire m’inscrire dans les lieux de captation de chaque « monde sonore »,« m’unifier », faire corps avec ces espaces et y créer des pièces contexutalisées. 

Comment s’unifier, comment faire corps avec les espaces sonores qui nous entourent ? 

Chronologiquement, l’écologie est un sujet présent dans mes pratiques depuis quelques années. J’ai d’ailleurs disséminé différentes créations à l’intérieur de cet article : l’image de présentation est par exemple une de mes créations : je travaille actuellement avec le Carnaval de Bordeaux pour qui je suis en train d’effectuer une variété de visuels autour des arbres et de leur portée symbolique pour illustrer plusieurs contes.

Ainsi, j’ai pu developper au fil des années différents dispositifs ouvrant à ces sujets de manière ludique et humaine. Par exemple, j’ai pu lors de ma présentation de groupe durant le cours de carnet en ligne effectuer un petit jeu qui se déploie comme ceci :

Jeu écologie sonore : 

“Pour stimuler la discussion dans le groupe, j’ai mis en place un set de questions autour des notions d’écologie sonore et de création auditive. 

Je propose de commence par proposer une question a une personne de manière complètement aléatoire et ensuite la personne prend la question qui suit qu’elle pose à quelqu’un d’autre de manière aussi aléatoire afin que l’on fasse une chaîne. C’est intéressant si on se prend au jeu et que l’on répond sincèrement aux questions. S’il y a des besoins spécifiques sur des termes, je suis là pour vous aider.

La seule contrainte c’est qu’on doit poser une question à quelqu’un de nouveau.

Si un moment quelqu’un a une question originale qu’il aimerait poser et qui veut se détacher du set de questions c’est tout à fait possible n’hésitez pas. Si quelqu’un ne peut peut pas parler de vive voix, on l’invite à écrire simplement sa réponse. Si quelqu’un a un impératif on l’incite à se manifester afin de pouvoir lui poser une question en début de jeu.

Questions : 

1 – Dans la vie au quotidien, fais tu attention aux sons qui t’entourent et comment ? 

2 – Il y a t-il un son que tu aimes tout particulièrement et pourquoi ? 

3 – As tu un souvenir d’enfance lié au sonore ?

4 – Quel est ton rapport au silence ? 

5 – Que signifie pour toi, une démocratie sonore ? 

6 – Qu’est-ce qu’évoque pour toi la notion de pollution sonore ? 

7 – Penses tu qu’il y a besoin d’une forme de législation sonore et pourquoi ? 

8 – Est-ce que ça va ? 

9 – Peux tu me parler de ce qu’évoque les rythme sonores et les rythmes visuels pour toi ? 

10 – Quel est le concert que tu as préféré et pourquoi ?

11 – Quel est le pire concert auquel tu as assisté et pourquoi ?

12 – Quel est ton rapport à la voix des inconnus qui t’entourent ?

13 – Quel est ton rapport à la voix des gens que tu aimes ? 

14 – Quel rapport entretiens tu avec ta propre voix ?

15 – Fais tu attention aux sons de ton propre corps ? 

16- Peux tu me parler d’imagination sonore ? 

17 – Comment est-ce que la poésie transparaît dans les sons de ton quotidien ?

18 – Est-il possible de développer une spiritualité par le sonore ?  

19 – Te sens tu à l’aise dans les mondes sonores que tu rencontres dans ton quotidien ? 

Conclusion :

Si je pose ces questions, ce n’est pas de manière anodine, c’est pas seulement pour créer du lien entre nous, c’est parce que le combat fondamental de l’écologie sonore c’est de mettre en évidence comment l’on peut être capable de développer une sensibilité, un rapport plus respectueux et emphatique à ce qui nous entoure par le biais de l’écoute.

Ainsi, toutes ces questions nous amènent à nous interroger, à remettre en question  le rapport que l’on a au quotidien à l’égard des mondes auditifs qui nous entourent et c’est ce qui fondamentalement nous pousse à être un peu plus à l’écoute tous les jours.

Maintenant que mon projet et ses enjeux à la fois humains et politiques sont plus clairs, je vous invite à terminer cet article par sa pièce de résistance : quoi de plus évocateur qu’un moment d’improvisation auditif et poétique autour de mes questionnements internes et de mes expériences de vie ? Ici je vais mêler ma voix à toutes sortes d’objets sonores que j’ai pu enregistrer pendant mes aventures récentes.

Je vous invite donc à lancer l’enregistrement ci-joint et à voguer au grès des sons, en vous souhaitant une bonne écoute ici et dans la vie…

À bientôt, 

Alissa Sylla