Les femmes Noires dans le cinéma américain : des stéréotypes raciaux et sexistes à la représentation d’une véritable identité

  – Illustration de Samantha Qeja (Pexels), prise sur le site huffingtonpost.fr


  De manière générale, le cinéma est pour moi un divertissement efficace, un moyen d’échapper à la réalité, mais aussi l’occasion de découvrir à travers l’image des peuples, des sociétés, des situations, des modes, des cultures, en quelque sorte : des mondes différents. Au moment d’affiner le thème et le titre de mon étude, la représentation des femmes noires dans le cinéma états-unien s’est imposée à moi suite à plusieurs observations et interrogations personnelles. Tout d’abord, force est de constater que le cinéma nord-américain occupe une grande place dans l’espace culturel. La communauté noire américaine est représentée depuis plus de 100 ans maintenant sur grand écran et notamment à Hollywood, la capitale mondiale du cinéma. Son image a connu de multiples bouleversements, partant de rôles d’esclaves aux qualités, mais surtout aux défauts variés. C’est en lisant le livre de Bell Hooks, « Ne suis-je pas une femme ? »1, qui parle des processus de marginalisation des femmes noires et qui met en critique les féminismes blanches et leurs difficultés à prendre en compte les oppressions croisées, que mon choix s’est orienté sur les stéréotypes des femmes afro-américaines. Un stéréotype est une « idée, opinion toute faite, acceptée sans réflexion et répétée sans avoir été soumise à un examen critique, par une personne ou un groupe, et qui détermine, à un degré plus ou moins élevé, ses manières de penser, de sentir et d’agir »2. Un trait de caractère ou un comportement est ainsi jugé inhérent à chaque individu sous prétexte qu’il ou elle appartient à une certaine catégorie comme l’ethnie, le sexe ou encore l’orientation sexuelle.

1Ne suis-je pas une femme, livre de Bell Hooks, publié en 1981, traduit en français en 2015 et édité par Cambourakis, 294 pages.

2 «Stéréotype», Trésor de la Langue Française Informatisé.67J-P. Leyens et al., Stéréotypes et cognition sociale, Bruxelles: Mardaga, 1996, p.16.

Stéréotypes : 

     Beaucoup de stéréotypes sur les Afro-Américaines ont émergé pendant la période de l’esclavage. Voici une liste qui regroupe tous les stéréotypes et discriminations s’appliquant aux Afro-américaines dans le cinéma états-unien : 

  • le « nègre magique » : rôle qui fournit un soutien émotionnel au personnage principal et sert de soulagement tout en créant une apparence de diversité.
  • le « colorism » : discrimination notamment au sein d’un groupe racial ou ethnique favorisant les personnes à la peau plus claire par rapport à celles à la peau plus foncée.
  • les sorcières (ex. Pirates des caraïbes 2, sorti en 2006 et réalisé par Gore Verbinski).
  • la Welfare Queen :  dépeint l’image d’une femme de couleur qui aurait un grand nombre d’enfants dans le seul but de recevoir des aides financières de la part de l’État (Precious, sorti en 2010 et réalisé par Lee Daniels).
  • la Tragic Mulatta : correspond à l’image d’une femme métisse qui, en raison de ses origines mixtes est instable, dangereuse et désireuse d’entretenir des relations amoureuses avec des hommes blancs
  • la femme imposante, surtout par la violence.
  • la femme aisée qui rejette ses origines, comme dans Mirage de la vie, réalisé par Douglas Sirk, sorti en 1959.
  • la femme qui s’occupe des enfants des autres, surtout des blancs (La Couleur des sentiments).
  • la femme noire attirante, exemple d’Halle Berry dans Dorothy Dandridge (1999), réalisé par Martha Coolidge, Dangereuse Séduction (2007), réalisé par James Foley, ou encore Catwoman (2004), réalisé par Pitof .

     Comme Bell Hooks l’explique dans son livre « Ne suis-je pas une femme ? », l’émergence du stéréotype des femmes noires comme “sauvages sexuelles” vient de l’esclavage car, pendant cette période, les femmes noires se faisaient violer et les hommes blancs leur donnait des cadeaux pour les placer en situation de prostitution. De ce fait, pour le public blanc, les femmes noires ont été vues comme sexuellement permissives et disponibles, “désirant” les sollicitations sexuelles de tout homme. Encore aujourd’hui, certaines actrices noires incarnent ce type de rôles, comme si l’image de la femme noire était encore attachée à une idée d’inégalité, de violence, voire de danger mortel. Ces stéréotypes de genre et de race sont propres aux femmes noires dans le cinéma américain.


     Au cours du séminaire “Carnet en ligne”, j’ai eu l’idée de faire un travail visuel sur le projet de recherches que j’ai écrit l’année dernière. En effet, au cours de ma première année de master, accompagnée de ma directrice de mémoire Valérie Chanlot, j’ai beaucoup écrit sur mon projet de recherches, je n’ai d’ailleurs fait que ça : des recherches et de l’écriture. Par conséquent, pour ma seconde année de master, je ne voulais pas continuer à faire de même. C’est pourquoi mon idée a été de faire une création visuelle à partir de tout ce que j’avais écrit l’année précédente, afin de pouvoir en faire une représentation visuelle et également d’avoir une approche différente de mon sujet. Par conséquent, j’ai essayé de représenter mes recherches par une image et également à travers une vidéo inspirée de l’image. Comme je viens d’une licence cinéma et que je souhaite travailler dans ce domaine ultérieurement, ce travail me semblait naturel. 

     Cette image est pour moi une manière de faire une représentation visuelle, à partir de mes recherches et du titre de mon projet de mémoire ‘‘Les femmes noires dans le cinéma états-uniens : des stéréotypes raciaux et sexistes à la représentation d’une véritable identité’’. Mon idée de départ était que mon image soit un dessin, car je trouvais cela visuellement plus joli et plus artistique. Cependant il a été difficile pour moi de trouver une personne pouvant dessiner mon image. De ce fait, j’ai essayé avec mon logiciel de montage photo mais le résultat n’était pas assez convaincant selon mes attentes. Voici néanmoins un aperçu de l’image en version dessin.

    Pour la réalisation de cette image, mon idée a été de faire comme une frise chronologique avec des photos de différentes actrices afro-américaines qui ont marqué le cinéma états-unien. En effet, cela peut être constaté par le passage du noir et blanc à la couleur ou alors du passage de l’image de l’actrice Hattie Mcdaniel au début, qui a marqué le cinéma états-unien dans les années 1930/40 à celle de Lashana Lynch, prise dans le film James Bond «Mourir Peut Attendre» sorti en 2021 et réalisé par Cary Joji Fukunaga, à la fin, ce qui permet de noter l’ampleur chronologique de la frise. Les actrices Hattie Mcdaniel et Dorothy Dandridge sont placées au début de la frise parce qu’elles sont les premières femmes de couleur à avoir marqué l’histoire du cinéma états-unien. Dorothy Dandridge fut la première actrice de couleur noire à être nominée à l’oscar de la meilleure actrice féminine pour son rôle dans Carmen Jones, réalisé par Otto Preminger (1954) et Hattie Mcdaniel est la première interprète afro-américaine à avoir reçu un Oscar, celui de la meilleure actrice dans un second rôle pour Autant en emporte le vent, réalisé par Victor Fleming (1939).

 

     Cependant mon idée de frise chronologique ne reste qu’une conception à observer de loin, car si nous la regardons de plus près, nous pouvons remarquer que l’image juste au-dessus de Lashana Lynch est l’affiche du film Les figures de l’ombres, réalisé par Theodore Melfi sorti en 2016. Ou alors, que l’image de Viola Davis dans le film Doute, réalisé par John Patrick Shanley, sorti en 2008, est placée juste à côté de celle d’Eartha Kitt, connue pour avoir marqué le cinéma états-uniens dans les années 1950/60. Si les images n’ont pas été placées par ordre chronologique, ce n’est que par choix esthétique, de même pour le fond de couleur en arrière-plan que j’ai également placé pour accentuer le passage du noir et blanc à la couleur. Cette réalisation graphique a été également le moyen d’illustrer visuellement les stéréotypes mentionnés ci-dessus, tel celui des sorcières que j’ai choisi de représenter à travers l’actrice Naomie Harris pour son rôle de sorcière dans le film Pirates des Caraïbes: le secret du coffre maudit réalisé par Gore Verbinski (2006), ou encore le stéréotype de la “Welfare Queen”, illustré ici par l’actrice Mo’Nique dans le film Precious, réalisé par Lee Daniels (2009), ou encore celui de la femme noire attirante représenté par Gabrielle Union dans le film Bad Boys 2, réalisé par Michael Bay (2003). Au-delà des stéréotypes je voulais également présenter des rôles un peu plus valorisants pour la communauté noire, des rôles ‘‘de femmes” dépourvus de clichés qu’elles peuvent véhiculer dans l’imaginaire collectif états-unien : par exemple l’image de l’actrice Lashana Lynch dans le film James Bond «Mourir Peut Attendre» réalisé par Cary Joji Fukunaga(2021) ou les personnages féminins de Black Panther, réalisé par Ryan Coogler (2018).

 

      Bien que le sujet de mon projet de recherches soit ‘‘Les femmes noires dans le cinéma états-unien’’, je n’ai pas inclus les toutes les actrices afro-américaines, par manque de place, et parce que je ne souhaitais pas que les visages n’occupent pas l’ensemble de l’image. Cependant, j’ai essayé d’y faire figurer les actrices afro-américaines les plus connues ou du moins celles qui ont marqué le cinéma états-unien.


     J’ai également choisi de faire un travail vidéo car je voulais proposer une approche différente de mon sujet à travers une courte vidéo (1’06).

     De la même manière que pour ma réalisation graphique, je voulais illustrer visuellement les stéréotypes des femmes afro-américaines dans le cinéma américains, que ces stéréotypes soient ou non dévalorisants. J’ai donc essayé d’évoquer tous les stéréotypes mentionnés ci-dessus. De plus, j’ai voulu accentuer cela par l’accompagnement musical de la vidéo, un morceau du groupe Black Violin, intitulé ‘‘Stéréotypes’’. On peut également entendre à la fin de la vidéo le mot “stéréotype”.

     Comme dans la représentation graphique, je voulais présenter des rôles de femmes afro-américaines moins stéréotypés, placés vers la fin de la vidéo, comme sur ma frise. J’ai ainsi inséré une scène de Black Panther réalisé par Ryan Coogler (2018), où l’on voit l’un des personnages féminins (Okoye) rejeter une perruque, comme pour mieux exprimer sa féminité naturelle. La beauté noire au naturel est célébrée et on découvre une diversité crédible de l’image de la femme.

    Suite aux échanges qu’a suscités la présentation de ces travaux durant le séminaire, je me suis rendue compte que j’ai plusieurs choses à modifier pour obtenir un rendu le plus clair et le plus lisible possible pour les lecteurs et lectrices. En effet, je vais devoir affirmer davantage mes propos afin que ma démonstration d’une évolution de la figure de la femme noire-américaine dans le cinéma états-unien soit plus lisible. En ce qui concerne la vidéo, j’ai choisi une musique qui, par son titre, souligne la question du stéréotype, mais je vais sans doute modifier cela pour que cet accompagnement musical soit plus pertinent, par exemple en travaillant sur des accompagnements sonores différents pour accompagner spécifiquement tel ou tel stéréotype de représentation afin de clarifier ma démonstration.

 

 

 

 

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