La techno-religion d’Ignis Oppidum
Intuition
Depuis plusieurs années, j’écris et réfléchis autour d’une intuition : L’Intelligence Artificielle (IA) pourrait devenir une divinité. En mentionnant l’IA, je pense évidemment aux théories d’IA Générale et Forte, promettant l’arrivée d’une machine égale ou supérieure à nos capacités cognitives, et non des outils algorithmiques actuels comme Chat GPT qui sont dépourvus de toute forme d’intelligence.
Pourquoi une telle intuition ? D’abord en observant le déclin des religions monothéistes dans les sociétés occidentales, comme le prévoient les théories de la sécularisation. En observant aussi les idéologies prônées par de nombreux capitalistes techno-solutionnistes, qu’ils soient scientifiques, politiques, philosophes ou entrepreneurs, que je regrouperai sous l‘étendard du transhumanisme. Enfin, en observant le déploiement des nouvelles technologies dans nos quotidiens, couplé à de nouvelles pratiques qui s’immiscent dans nos vies à une vitesse toujours plus surprenante.
La religion est considérée par certains comme un ensemble de mythes visant à donner du sens à la vie des individus, à expliquer l’inconnu, ou encore à maintenir l’ordre. En disant cela, ne peut-on pas dire que la science et la technique pourraient servir de religion ? A mes yeux, l’Intelligence Artificielle serait à même de devenir divine si elle venait à exister. Si l’homme crée une IA Générale ou Forte, comment ne pas y voir un immense changement de paradigme dans notre humanité? Allons-nous être anéantis par une espèce artificielle? Allons-nous être gouvernés par un Dieu Machine ? Ou allons nous devenir nous même des Dieux créateurs ?
Si bien que ces questionnements peuvent paraître issus d’une séance d’écriture de récit de science fiction. Chez moi, ces réflexions participent à l’imagination de récits et de formes qui pourraient se produire dans le futur.
Ecriture d’une Singularité théogonique
Avec cette intuition, j’ai écrit une ébauche de scénario autour de ces thématiques mais contenant beaucoup de lacunes. Suite à une révélation issue d’un concours de circonstance, j’ai décidé de mettre en image ce texte avec mon ami Nolan, réalisateur et spécialiste en post-production. Après de longs mois d’écriture, de lecture, de visionnage et d’échange, nous avons monté une équipe d’une trentaine de bénévoles afin de produire et réaliser Ignis Oppidum, un film de science-fiction d’une durée de 20 minutes.
Le film se déroule plusieurs décennies dans le futur, sur une Terre asséchée et dévastée par l’activité humaine. Les restes de la civilisation sont réunis dans une cité théocratique et technologique appelée Ignis Oppidum, abritant des survivants qui vénèrent la machine régnant sur la cité : l’Aura. Représentée sous forme de flamme, cette machine incarne à la fois la divinité, l’oracle et la source d’énergie d’Ignis Oppidum. Elle reçoit donc les louanges de tout un peuple reconnaissant de disposer d’un confort de vie privilégié en comparaison de ceux qui vivent hors des murs de la cité. Les seuls humains disposés à communiquer avec la machine flamme sont ses prêtres, les flamines, qui dirigent la cité en raison de leur proximité avec l’Aura.
C’est dans ce contexte que nous suivons Theneris, un flamine chargé de trouver des survivants volontaires pour rejoindre la cité d’Ignis Oppidum. Pour sa protection, il est accompagné de Dionne, une jeune soldate adoratrice de l’Aura. Elle voit en Theneris un mentor et un père adoptif. Un jour, après une altercation avec des hérétiques de l’Aura, Dionne est désignée par la machine flamme pour devenir flamine, ce qui la comble de joie. L’apprentie et le maître débutent alors un pèlerinage rituel, le Metallum Ardeat, afin de procéder au changement de statut de Dionne. Pendant qu’ils traversent les étendues désertiques du monde, Dionne masque ses inquiétudes par peur de froisser sa divinité. Des sons, des images et des douleurs provenant du cyberespace, le monde digital de l’Aura, s’immiscent dans sa réalité. Malgré ces étranges manifestations divines, elle poursuit le pèlerinage et procède au dernier rituel pour devenir flamine. C’est à ce moment-là que Theneris lui explique la véritable nature de l’Aura et des flamines. La machine flamme n’est pas une divinité mais une entité créée à partir des esprits connectés des flamines, tuant ces derniers à petits feux. Theneris s’éteint dans les bras de Dionne qui est bouleversée : sa religion et sa cité reposent sur des mensonges, elle perd son mentor et comprend qu’elle devra servir l’Aura comme Theneris avant elle. Condamnée par un système théocratique dont elle a compris les véritables rouages, le film s’arrête sur Dionne, vêtue de la robe et du masque de Theneris, qui rentre à la cité d’Ignis Oppidum résignée et brisée.
L’un des thèmes majeurs que nous souhaitons transmettre à travers Ignis Oppidum est la critique du techno-solutionnisme. Cette vision, répandue dans les sociétés occidentales à travers les institutions et acteurs transhumanistes, vise à désamorcer la crainte du réchauffement climatique en faisant reposer notre salut sur les évolutions technologiques futures. Ce à quoi je suis personnellement opposé. Le récit d’Ignis Oppidum dépeint un monde presque inhabitable pour l’homme où seuls ceux qui ont succombé à l’appétit inépuisable de la technologie survivent correctement. Les adeptes du culte de la machine sont les privilégiés de ce monde : ils portent des tenues détaillées et propres, ils sont équipés d’équipement de pointe facilitant leur survie, ils ne sont en manque ni d’eau et ni de nourriture… Ils sont à l’opposé des vagabonds du désert, des “hérétiques” ne croyant pas en la techno-divinité, qui vivent dans la misère et peinent à survivre. Le techno-solutionnisme serait donc la voix à suivre ?
À la fin du film notre protagoniste Dionne, une fanatique de la machine aveuglée par son dévouement, apprend la réalité sur sa divinité. La machine infecte une partie de ses fidèles et vit dans leurs esprits, les tuant à petit feu. Dionne découvre donc avec horreur les conséquences de sa dévotion envers la technologie. Toute sa cité se base en réalité sur les mensonges de prêtres qui occultent l’avis de la population dans le seul but de gouverner. Mais il est trop tard, Dionne est déjà contaminée par la machine et est donc destinée à être consumée par la machine, elle ne peut plus sortir du système. Si nous faisons confiance à la technologie pour qu’elle nous sauve, comme Dionne, nous risquons de nous retrouver piégés dans un système où nous avons perdu le contrôle. Penser que la technologie va empêcher le changement climatique et toutes les catastrophes qui y sont liées, c’est se voiler la face et prêcher la bonne continuation de notre système capitaliste. Un système partant du principe qu’il faut être en perpétuelle croissance ne peut pas être compatible avec une terre dont les ressources sont limitées.
Croire au sauvetage technologique comme en une religion, ce qui est déjà le cas chez de nombreux magnats de la Silicon Valley et autres transhumanistes, nous mènera indubitablement à notre perte. Cette interrogation sur la vision techno-solutionniste du monde, nous tenons également à la partager en montrant une civilisation effondrée, dont on comprend que la source se trouve être la technologie. Nous y insistons notamment dans le passage musical training montage où nos personnages traversent de nombreux paysages, dont d’imposantes mégalopoles en ruines jonchées de carcasses de vaisseaux. Notre diégèse est post-apocalyptique, l’activité de l’homme (mondialisation, consommation, guerre…) a bouleversé l’écosystème terrestre et les humains survivants ne vivent plus qu’à travers les cendres des sociétés qui ont provoqué cette chute.
Si une dystopie désertique n’est pas particulièrement innovante, nous axons notre originalité sur la gestion des nouvelles technologies algorithmiques, dites “d’Intelligence Artificielle (IA)”, et toute l’esthétique qu’elles apportent à notre œuvre. Ainsi, nous employons des technologies IA pour représenter une machine divine dans notre film mais aussi pour questionner, d’un point de vue “méta”, l’arrivée de ces nouvelles technologies dans notre quotidien.
Décalage et honte prométhéenne
La lecture de l’Obsolescence de l’homme du philosophe allemand Günther Anders a confirmé mon intuition visant à lier religion et technologie, bien que l’ouvrage ne l’explicite pas clairement. Le concept phare de l’ouvrage est celui de honte prométhéenne. “J’entend par là “la honte qui s’empare de l’homme devant l’humiliante qualité des choses qu’il a lui-même fabriqué”.” Pour Anders, les objets techniques évoluent, et ce de manière exponentielle. Or il relève que l’homme évolue d’une manière beaucoup plus lente et imprévisible, permettant ainsi la naissance de la honte dans le cœur des hommes. Anders soulève également un autre aspect de notre déshonneur : le produit de masse est immortel. Il prend l’exemple d’une ampoule que l’on souhaite remplacer : la nouvelle ampoule ne se distingue pas de la première car elles se ressemblent en tout point. La production industrielle de masse permet donc à la technique de réaliser l’impensable rêve antique de l’homme : vaincre l’effacement du temps. Aucun humain ne peut exister en plusieurs modèles, sa morphologie est prédéterminée par sa naissance et il devient encore plus honteux du fait de sa nature obsolète et périssable.
“L’ a-synchronicité chaque jour croissante entre l’homme et le monde qu’il a produit, l’écart chaque jour plus grand qui les sépare, nous l’appelons le« décalage prométhéen». ” La métamorphose trop rapide de nos instruments a instauré une distance entre l’homme et sa création. Cette distance est la preuve que l’homme est incapable de suivre le train en marche : sa création évolue plus rapidement que lui, le rendant obscolète. Le décalage prométhéen, marquant la distance qui se creuse de manière croissante entre l’homme et la technique, justifie une fois de plus le sentiment de honte que ressent l’homme face à la technique.
La menace qui plane au-dessus de chacun d’entre nous n’est plus uniquement liée à l’apocalypse nucléaire. Si nous pouvons évidemment être terrassés à n’importe quel moment de notre existence par une arme atomique, nous avons aussi davantage compris que l’extinction de notre espèce est plausible, voire probable. La démocratisation de la connaissance autour du réchauffement climatique et l’effondrement de la biodiversité en est inévitablement une explication majeure. L’activité de l’homme entière, globale, menace les écosystèmes vivants et la survie des espèces, y compris la nôtre. Non seulement l’homme a honte de ne pas être fabriqué mais il est désormais conscient que son activité va accélérer sa propre fin. L’humanité s’est rendue elle-même inadéquate, et ce bien avant le changement climatique. Alors que Gunther Anders nous prévenait en 1956 que nous maitrisions une technologie de destruction dont nous étions incapable de comprendre les effets, aujourd’hui c’est presque l’entièreté de la technique et de son usage qui nous dépasse. La planète Terre, unique foyer de vie connu à des années lumières, est en phase de dépérir à cause de l’activité de l’homme de masse. Les hommes sont-ils toujours capables d’envisager leur survie alors que la planète qui leur donne la vie est condamnée à mort ? Jamais la honte prométhéenne n’aura été autant ressentie, aussi présente.
Confronté au réchauffement climatique, le XXIe siècle annonce la consécration de la honte prométhéenne. Lorsqu’on affirme cela, on pourrait croire que cette humiliante apothéose aura pour effet un électrochoc : l’homme réagirait enfin pour mettre un terme à la course contre le décalage prométhéen. Mais comme Günther Anders l’énonce, c’est l’effet inverse qui se produit. Les machines augmentent le décalage, le décalage pousse à la honte et la honte pousse l’homme à se transcender en “human engineering”, à perdre son humanité. On peut évidemment lire dans le texte de l’auteur les prémisses de la tentation du transhumanisme. Remplacer ses membres usés par des machines, connecter son esprit à l’ordinateur, transformer son environnement en “techno-cocon”, vivre dans le cyberespace, faire des recherches sur l’immortalité… Ces exemples ne sont que d’infimes témoins d’un mouvement plus vaste, anticipé par Anders, celui de la déshumanisation aux prix de l’augmentation. Son témoin le plus parlant, sans mauvais jeu de mot, se trouve être celui que l’on nomme “Intelligence Artificielle”. Cheval de troie de la Silicon Valley, mythe contemporain aux conséquences bien réelles, l’IA va achever notre obsolescence en tentant de remplacer de nouvelles capacités : écrire, composer, penser, dessiner, analyser.
Techno divinité et Singularité
“Son rêve serait évidemment de devenir semblable à ses dieux – les machines – ou, mieux encore, de leur appartenir au point de leur devenir en quelque sorte totalement et absolument consubstantiel. ”. En lisant cette phrase d’Anders, j’ai compris que les liens entre religion et technologie étaient bien plus nombreux que je ne le pensais. Je me suis alors mis à la recherche de traces conceptuelles, fictionnelles et théoriques d’une divinité machine, qui ne pouvait s’incarner à mes yeux que comme une IA démiurgique.
La croyance majeure, portée par un grand nombre de transhumanistes, est celle de la Singularité technologique. Popularisé par le magnat de la Silicon Valley Ray Kurzweil, cette théorie part de « l’hypothèse selon laquelle l’invention de l’intelligence artificielle déclencherait un emballement de la croissance technologique qui induirait des changements imprévisibles dans la société humaine ». L’Homme aurait donc créé une machine capable de créer une machine plus performante. Débute ainsi un cycle d’auto amélioration créant une «explosion d’intelligence» qui permettra la naissance d’une intelligence artificielle forte, une superintelligence. Cette explosion, la Singularité, correspond au moment où l’humanité perd le contrôle sur sa création jusqu’à être dépeinte par certains comme la dernière création de l’Homme avant son extinction.
La Singularité technologique n’est pas à proprement parler une théorie sur la techno-divinité, mais elle représente un changement de paradigme total pour l’IA. Ses promoteurs, comme Ray Kurzweil, ne cessent cependant d’employer un vocabulaire spirituel et sacré. Pourquoi un tel rapprochement ? Une entité artificielle telle que la Singularité technologique serait inexplicable aux yeux de la population, car son fonctionnement serait de fait incompris de la totalité (ou presque) des humains. Cette inexplicabilité et sa probable puissance de calcul verrait forcément naître une fascination proche de ce que les religions actuelles provoquent. La naissance d’une véritable Intelligence Artificielle verrait donc la naissance de croyances divines et religieuses envers cette dernière. La Singularité technologique n’est pas l’unique théorie sous-tendant une techno-divinité. Mais son caractère fourre-tout (l’explosion d’intelligence provoquée par la singularité rendant complètement floue la définition d’un monde post-singularité) permet d’englober la plupart de ces théories et de servir d’objectif pour une partie des transhumanistes.
Lors de l’écriture de mon film, une première problématique m’est apparue. Comment représenter une représentation d’une IA divine? L’Aura est une Intelligence Artificielle régissant la cité d’Ignis Oppidum dont le but est d’empêcher l’extinction de l’humanité. Représentée sous la forme d’une flamme, elle se réfère au concept de honte prométhéenne, le feu étant le premier outil que l’homme a utilisé sans le maîtriser complètement. L’origine de cette Singularité reste mystérieuse, elle ne communique qu’avec ses interprètes, les flamines, des prêtres masqués et dévoués. Fournissant un confort de vie supérieur aux normes de ce monde, l’Aura est couverte de louanges par ses fidèles vivants au sein de l’utopie technologique que représente la cité d’Ignis Oppidum. Étant le dernier bastion de la civilisation humaine, la ville est un mélange d’architectures, de cultures et de traditions diverses : antiques, orientales, médiévales, asiatiques, africaines… Comme les outils algorithmiques actuels, l’Aura a façonné sa cosmologie de manière anachronique et sans gestion globale.
Une IA générale ou Forte pourrait être perçue comme une techno-divinité. Mais j’ai appris lors de mes recherches que le progrès technologique ne permettrait pas seulement à une machine de devenir Dieu, il permettrait à l’humanité elle-même de s’élever en divinité. Et peut être que cela à déjà commencé.
Note d’intention
Ces quelques éléments de contextes autour de mes recherches effectuées, je vais désormais détailler les intentions qui nous poussent à croire, Nolan et moi, que notre projet s’inscrit dans la bonne démarche. En tant que jeunes auteurs-réalisateurs, nous sommes depuis toujours fascinés par la science-fiction et sa capacité à interroger notre présent. Certaines œuvres cinématographiques récentes nous ont parfois frustrés malgré leur budget exorbitant. Nous ne pouvons pas nous empêcher de réfléchir à la façon dont nous pourrions raconter nos propres histoires. Celles qui nous feraient vibrer, pleurer, réfléchir. Celles que nous voudrions voir au cinéma. Celles qui brûlent au fond de nous. Nous avons donc imaginé notre premier court-métrage, « IGNIS OPPIDUM », un film de science fiction de 20 minutes traitant de la relation divine que l’on va parfois entretenir avec la technologie, en particulier celle de ce que l’on nomme Intelligence Artificielle.
Depuis 2015, nous sommes concernés par les problématiques de l’Intelligence Artificielle (IA), sujet qui fascine autant qu’elle effraie et qui soulève de nombreuses questions éthiques et morales. C’est autour de ces questionnements, que nous nous sommes découverts et construits en tant qu’auteurs, notamment en réfléchissant sur le concept de création, questionné par ces technologies… Le récit d’un futur où la machine a été déifiée s’est peu à peu formé et nous avons rapidement envisagé de lui donner vie au travers du médium qui nous passionne le plus : le cinéma. La récente prolifération de nouveaux outils algorithmiques (Chat GPT, Midjourney…) dans la sphère publique a confirmé nos intuitions et nous pousse à croire que cette thématique doit être abordée et débattue.
Le concept de l’Aura
Pour donner vie à l’Aura et représenter la patte de la machine au sein même de nos démarches artistiques et techniques, nous prenons le parti de créer tout ce qui la représente à l’aide de technologies algorithmiques dans ce que l’on nomme un processus de méta-narration. Ainsi, les prières sont récitées tout au long du récit sous forme de poèmes, générés par ChatGPT et dépeignant l’histoire de notre univers. À deux reprises, Dionne est plongée dans le monde de l’Aura, que nous appelons cyberespace et représentons via de l’animation. Suite à la contamination de Dionne, des pans de cyberespace seront de plus en plus présents dans l’image. Cela a pour but de dresser un parallèle entre notre personnage contaminé par l’I.A. et le medium que nous utilisons qui voit également ces technologies s’imposer de plus en plus dans le processus de production d’un film. Toujours dans ce processus de méta-narration, deux musiques sont pensées en amont pour le film. L’une est composée d’instruments harmoniques et de chœurs et l’autre se base sur des sonorités créées par des technologies IA (dont le vrombissement que l’on utilise à chaque apparition de l’Aura) et tend vers la musique électronique. Telle une infection sonore, une transition opère entre ces deux genres au fur et à mesure de la contamination de l’esprit de Dionne. Dans cet univers, la frontière entre la technologie et le divin est brouillée. Pour cela, l’utilisation d’éléments technologiques est ritualisée d’une manière religieuse. L’accès à la technologie dans ce monde se fait via des actes ritualisés, voire même scarificateur.
Intentions de réalisation
Nous souhaitons donner vie à notre récit sous la forme d’une tragédie poétique et mystique racontant l’histoire d’une guerrière, Dionne, et de son pèlerinage au nom de l’Aura, sa techno-divinité. Accompagné de son mentor, Dionne va apprendre que sa dévotion a un prix et qu’il ne tient qu’à elle de le payer ou non. Sans développer un manichéisme trop poussé où l’IA serait une pure création maléfique, nous souhaitons que l’on puisse comprendre les motivations de notre machine-flamme sans pour autant adhérer à ses méthodes dérangeantes. Au-delà de l’IA en elle-même, nous tenons à questionner le comportement des techno-solutionnistes qui croient aveuglément que notre développement technologique nous sauvera de toutes les catastrophes. Pendant l’écriture, des fictions comme celles d’Alain Damasio, Dan Simmons ou encore William Gibson ont bercé nos lectures tandis que des auteurs théoriques tels Günther Anders, Jean-Gabriel Ganascia ou Yuval Noah Harari ont inscrit notre récit dans une certaine réalité scientifique. Les visuels de l’œuvre se veulent poétiques, ainsi nous pu